L'Interview de ST André dans S.O.
US Dax : "que tout le monde travaille ensemble", exhorte Raphaël Saint-André
Le manager de l’USD n’élude rien des difficultés de son club, aussi bien sportives que structurelles. Un constat lucide mais pas désespéré.
« Sud Ouest » On a encore eu l’impression, contre Perpignan (défaite 16–26), que malgré un bon match, l’USD ne pouvait pas espérer mieux. Est-ce aussi votre sentiment ?
Raphaël Saint-André On peut retourner le problème dans tous les sens. Cela fait trois saisons que je suis là et trois saisons que c’est la même chose : au cœur de l’hiver, on manque cruellement de puissance. Perpignan fait la différence avec ses trois ou quatre joueurs très costauds, capables de porter le ballon. Bayonne avait fait pareil. Quand les organismes sont fatigués, ces joueurs font la différence dans les vingt dernières minutes. On souffre de cela et c’est récurrent.
Vous avez déclaré être triste pour vos joueurs après cette défaite. Qu’entendiez-vous par là ?
Parce que je pense qu’ils ne trichent pas. Quand ils rentrent sur le terrain, ils se donnent à 100 %, voire à 120 %. Mais ils ne peuvent pas faire plus parce prendre des autobus dans le citron pendant quatre-vingts minutes, au bout d’un moment, ça fatigue. Et si on n’arrive pas à prendre suffisamment d’avance en réalisant de très bonnes premières mi-temps, ça ne suffit pas en fin de match.
Il est donc impossible pour l’USD de rivaliser avec les cadors de Pro D2 ?
Impossible non, car on a réussi à en battre un ou deux. Mais à chaque fois il nous a fallu des conditions parfaites : un terrain sec qui nous permet de déplacer le ballon, ce que l’on sait plutôt bien faire, un bon jeu au pied pour sortir de notre camp, des points marqués sur chacun de nos temps forts, un minimum d’erreurs… Là, on peut rivaliser avec n’importe qui.
Voilà trois ans que vous jouez le maintien. N’est-ce pas usant ?
C’est sûr. Surtout que chaque année, on prend un bon départ, on se met à espérer et puis au creux de l’hiver, on retombe toujours dans le même problème. Mais il n’y a pas de lassitude parce que chaque jour est différent : nos joueurs s’impliquent, travaillent,donnent le maximum, donc on prend du plaisir au quotidien. Je voudrais seulement qu’ils en soient mieux récompensés. C’est ce que je leur souhaite.
Que faudrait-il pour que le club retrouve une dynamique positive ?
On parle toujours de la glorieuse incertitude du sport. Le rugby reste un sport mais un sport auquel on a accolé, il y a quelques années, le qualificatif de « professionnel ». Et aujourd’hui, l’USD a des retards sur le monde professionnel, au niveau des structures comme de l’humain, car il manque du monde pour faire tourner le club, et des finances, avec un retard de budget et de masse salariale. Au final, tu finis par payer tous ces retards. Jérôme Daret a essayé de colmater les brèches pendant des années. Aujourd’hui, c’est Patrick Furet et moi-même, avec des dirigeants qui font tout ce qu’ils peuvent. Mais on est trop limités aujourd’hui en termes de moyens financiers, structurels et humains. Il y a des signaux positifs, comme le projet de nouveau stade qui, j’espère, permettra d’amener un peu d’enthousiasme et de moyens.
Il y a aussi des rumeurs de reprise du club.
J’entends parler de tout cela mais je pense qu’il n’y a qu’une chose qui puisse faire avancer l’USD : que tout le monde se fédère et travaille ensemble. Dax est une trop petite ville pour se permettre des divisions. Si tout le monde ne tire pas dans le même sens, on n’aura jamais un club fort. Mais si les instances politiques, les dirigeants historiques et les éventuels nouveaux partenaires, arrivent à s’asseoir autour d’une table et partager un projet commun, Dax pourra peut-être se permettre d’avoir un club de milieu de championnat qui fonctionne.
N’est-ce pas déjà trop tard ?
Il faut que ça aille très très vite. Là, on aurait aimé recruter deux jokers médicaux mais on ne peut pas, car ils ne seront pas validés financièrement. Cela fait déjà plusieurs mois qu’on réclame des renforts mais on est au taquet. Si les choses se débloquent demain, cela veut dire qu’on pourra compter sur les joueurs dans deux ou trois semaines. Il ne restera que 6 ou 7 matchs. Chaque jour compte. On est une des seules équipes à ne pas avoir pu intégrer de nouveaux joueurs cette saison. Il faut que ça aille vite car Dax flirte avec la ligne de flottaison depuis bientôt dix ans. Si on ne repart pas de l’avant maintenant, le club finira relégué, à court ou moyen terme.
Quels profils de joueurs recherchez-vous ?
On manque de puissance, donc il nous faudrait deux ou trois joueurs capables de casser la ligne, de porter le ballon et de nous faire avancer. Et peut-être aussi un joueur avec du jeu au pied long qui pourrait nous aider dans les conditions difficiles.
On vous a reproché un jeu trop ambitieux. Regrettez-vous certaines orientations ?
La volonté de trop jouer, je n’y crois pas. Tous les matchs qu’on a gagnés cette année, c’était en jouant. Chaque fois qu’on s’est recroquevillé, comme à Carcassonne où on a voulu gérer contre le vent après 50 très bonnes premières minutes, on a échoué. Je suis persuadé que si on avait continué à jouer, on l’aurait emporté. Je ne pense pas qu’on surjoue.
Et certains choix sportifs ?
Forcément, il y a toujours une part d’erreur, des choses à corriger. Comme un joueur qui est un peu moins bien et qu’on aligne quand même car on a confiance en lui. Et puis après coup, on réalise qu’on n’aurait peut-être pas dû… On réfléchit à cela tous les jours. Mais les choix sportifs ont aussi été guidés par nos finances, lorsqu’il a fallu recruter à l’intersaison. Il était impossible de prendre plus de joueurs. En revanche, je regrette quelques matchs : celui à Massy, que l’on gagne sur le terrain mais que l’on nous enlève, celui à Biarritz qui aurait pu basculer de l’autre côté et celui contre Bayonne. Je regrette ces points perdus qui nous feraient un bien fou au classement aujourd’hui. Après, en début de saison, personne ne voyait l’USD non-relégable à dix journées de la fin. Elle ne l’est toujours pas, à nous de faire en sorte qu’elle le reste jusqu’à la fin.
Le match de ce soir pourrait en décider…
Il compte double vu qu’il s’agit d’une confrontation directe. On a battu les Narbonnais à l’aller avec le bonus offensif donc la première des choses, c’est qu’ils ne le prennent pas ce soir, pour que l’on reste devant eux au goal-average particulier en cas d’égalité. Ensuite, si l’on peut prendre un, deux, voire quatre points là-bas, on ferait un grand pas. Il reste cinq réceptions jusqu’à la fin de la saison, les cinq sont abordables. Cette année, le maintien devrait se jouer autour de 50–53 points, un peu plus bas que l’année dernière où il s’était joué à 56–57. Il nous faut 20 points, donc cinq victoires, et un ou deux bonus. Mais on va d’abord aller batailler à Narbonne avec nos armes.