« C’est le moment ou jamais de nous aider »
Gilbert Ponteins l’a rappelé en guise de préambule : « Il y a
quelques semaines, je me croyais à la retraite ! On parle de renouveler
le club, de mettre les vieux à la retraite, et on fait appel à moi… »
Mercredi soir, « Gigi » a enfin pris la parole en tant que président de l’US
Dax, devant les partenaires historiques du club, un peu moins nombreux
mais largement acquis à sa cause. « Nous ne sommes pas là
pour fêter la montée en Pro D2, nous sommes là pour parler de la Fédérale
1. On avait vécu cette situationavec Lille, et cette fois, c’est le Biarritz
Olympique qui nous donnait des raisons d’espérer un maintien. Mais
je pense qu’ils ont trouvé la somme nécessaire pour jouer en Pro D2 l’an
prochain. Nous, en janvier, on nous a demandé de combler un déficit de
200 000 euros. Il y a deux poids, deux mesures, mais c’est comme ça,
et aujourd’hui, il faut préparer notre saison. »
Gilbert Ponteins a donc commencé par doucher les derniers espoirs de
maintien en Pro D2, mercredi soir au casino Joa. « J’arrive dans un club
dont la saison est terminée, où tout est vide, et j’ai conscience que le travail
va être assez important. Mais on a la pêche et on a l’enthousiasme ! »
Et il en faudra. Car si l’entrain de Gilbert Ponteins est assez communicatif
auprès d’un certain nombre de partenaires du club, le silence radio
de ces dernières semaines a laissé des traces.
600 000 euros pour l’équipe « Ce sont des situations compliquées,
mais que pouvait-on dire tant qu’on ne savait pas dans quel championnat
Dax allait évoluer l’an prochain ? J’ai décidé qu’on ne pouvait
être qu’en Fédérale. » Oui, mais avec quel staff ? « Des entraîneurs, j’en ai
quatre par jour au téléphone qui veulent nous rejoindre, et pour recruter
une équipe, je ne suis pas inquiet non plus. » Qu’en est-il de l’avenir
de Patrick Furet, entraîneur des avants ? « Il fait parti du club jusqu’au
30 juin. Il pense que le budget sera trop bas pour se défendre en Fédérale,
donc ça sera à lui de décider.»
Ce qui inquiète beaucoup plus lenouveau président de l’US Dax, ce
sont les finances. « Sportivement, ça va être dur, très dur. Certains vont
penser que c’est la fin d’une époque, qu’il n’y a plus besoin de nous soutenir…
Je tiens à saluer le maintien de la dotation de la Ville et de l’Agglo du
Grand Dax, en plus de la poursuite du projet de la tribune et des loges.
Nous aurons besoin de ces outils, à l’avenir. Mais en parallèle, nous
n’avons plus d’argent de la Ligue, plus d’argent de la Région, du Conseil
départemental… Si l’objectif est bien de remonter en Pro D2 en deux
ou trois ans, je pense qu’on ne pourra pas le faire sans un budget de 1,8 à
2 millions d’euros. Aujourd’hui, nous disposons d’1,2 millions d’euros,
et pour le recrutement, nous avons 600 000 euros. Alors même
si on n’a pas l’habitude de venir pleurer, dans ce club, c’est le moment ou
jamais de nous aider à reconstruire, et on prendra tout ce que l’on peut
nous donner. »
« Remonter dès l’an prochain »
Parmi les partenaires, beaucoup confirment leur engagement. Bruno
Lasaossa, directeur d’Intersport, n’est pas surpris. « Je m’attendais à
ce genre de relance, et je pense que pour Gilbert Ponteins, parce que
c’est lui, beaucoup de gens vont faire l’effort de reconduire leurs budgets
de partenariat. Il faut reconnaître son implication dans le club, depuis
des années. Je pense qu’il faut tout faire pour remonter dès l’an prochain,
parce que si on reste plus d’un an en Fédérale, ça sera vraiment difficile.
» Francis Lavigne, commerçant sur la place dacquoise, a un peu le
même sentiment. « Si pour cette saison les principaux partenaires suivent,
c’est tant mieux. Mais je reste sur ma position, il faut aller chercher
de nouveaux soutiens, ne pas s’en tenir au secteur “dacquo-dacquois”, et
en Fédérale, avec forcément moins d’exposition, je m’interroge. Il faut
aussi retrouver une dynamique avec les partenaires existants, et générer
des sous, très vite. »
Combien seront-ils derrière l’US Dax en Fédérale 1 ? Si Gilbert Ponteins n’a pas su apporter toutes
les réponses aux partenaires, beaucoup annoncent qu’ils restent la saison prochaine. I. LOUVIER / « S. O. »
Les supporteurs demandent à voir
Voilà des semaines qu’ils espèrent, trépignent, s’agacent ou se désespèrent,
au gré des innombrables rumeurs qui bruissent à Dax. Désormais, les fidèles
supporteurs de l’USD sont fixés : ils ont un président et son conseiller,
Benoît August. Mais de nombreusesquestions demeurent. En voici déjà
quatre : à quel niveau, avec quel budget, quels entraîneurs et avec quels
joueurs le club va-t-il jouer ?
« Nous sommes dans un contexte de fortes incertitudes, reconnaît Stéphane,
président d’Allez Dax. Mais nous estimons, quel que soit le niveau,
qu’il nous faut un noyau dur de joueurs, constitués de cadres et d’espoirs
du club. Nous attendons des nouvelles à ce sujet. L’autre grande
question est celle du ou des entraîneurs. Quand on manque de moyens
pour constituer un effectif solide, il faut compenser avec un entraîneur
charismatique et expérimenté qui peut tirer tout le monde vers le haut.
On ne comprendrait pas qu’on nous sorte du chapeau l’ami d’Un tel ou un
entraîneur sans expérience. » Une allusion directe à la possible arrivée de
Pascal Giordani, ancien joueur du XV rouge et blanc jusqu’en 2001, passé
ensuite par Perpignan et Brive.
Monique Larrère, de l’Amicale du XV dacquois, est tout aussi dubitative.
« Je ne comprends pas pourquoi on a besoin d’un manager en Fédérale 1.
La nomination d’un entraîneur et le recrutement m’inquiètent plus. Nous
avions une bonne équipe l’an dernier et il n’y a presque plus personne. »
« Du mal à se projeter »
Stéphane accueille néanmoins avec bienveillance le retour de Gilbert Ponteins.
« Il est sûrement le plus légitime et on sent beaucoup d’implication
émotionnelle. Maintenant, il faut que la raison et le bon sens l’emportent
sur la passion. Nos dirigeants doivent se montrer professionnels et faire
preuve d’esprit d’ouverture au niveau de l’équipe dirigeante et du partenariat.
On entend parler de nouvelles générations mais il faut des actes.
L’USD doit en finir avec le népotisme.»
« Son retour fut une surprise, reprend Monique Larrère de l’Amicale
du XV dacquois. Mais c’est une bonne chose car il est le seul à pouvoir
fédérer les partenaires. On a quand même un peu de mal à se projeter
en Fédérale 1 pour l’instant. C’est une autre ambiance, un autre niveau.
J’espère que l’équipe fera un bon début de saison pour recréer un engouement
autour d’elle, sinon on risque de s’ennuyer… »
Sylvain Lapique
Les associations de supporteurs, invitées pour la première fois à la soirée des partenaires, hésitent entre
scepticisme et volonté de croire à un nouveau départ. Mais tous savent que la tâche sera ardue