Berchesi dans Sud-Ouest
« On a mis notre pays sur la carte du rugby », estime l’Uruguayen de Dax, Berchesi, après le Mondial
Publié le 04/11/2019 à 15h59.
Mis à jour à 17h28 par Julie L’Hostis.
L’ouvreur de l’Uruguay et des rouge et blanc est de retour de la Coupe du monde. En attendant la reprise, il revient sur l’épopée de son équipe et son exploit face aux Fidji
Il a fallu faire preuve d’un peu de patience avant de pouvoir retrouver le héros uruguayen de la Coupe du monde au Japon, l’ouvreur Felipe Berchesi. De retour sur le sol français mi-octobre, le n° 10 de l’US Dax n’a pas eu l’occasion de vraiment réalisé que cet événement hors du temps était bel et bien fini, pris dans les joies d’un déménagement et autres peinture et parquet. Une fois repris le fil de sa « vie normale », comme il dit, il a fait un saut à la rédaction de Dax, un tee-shirt des Teros sur le dos, pour revenir sur l’exploit des siens contre les Fidji.
Le joueur de 28 ans a aussi évoqué l’impact que cette victoire a eu sur le rugby uruguayen et sa prestation personnelle tout au long de sa deuxième Coupe du monde. Sans langue de bois, comme d’habitude.
Felipe Berchesi Ça va ! J’ai été très fatigué la semaine dernière. J’ai eu un moment de creux, une sorte de contrecoup une fois que les cartons étaient posés, c’était un peu dur mais ça va mieux ! Je continue de soigner une côte sur laquelle j’ai pris un coup là-bas, j’ai repris la course et je bute un peu, mais j’ai hâte de vraiment reprendre. Je suis aussi content de retrouver un rythme normal parce que là-bas, de 7 à 20 heures, tout était programmé, chronométré et on n’arrêtait jamais.
Justement, comment ça s’est passé là-bas ?
Franchement, en termes d’organisation, je pense que les Japonais sont les meilleurs. On a été très bien accueillis partout et la mobilisation de la population était extraordinaire. On a aussi beaucoup bougé : du bus, du train et de l’avion ! Mais au niveau de la récupération, on avait Craig White, un prépa physique anglais qui a bossé avec l’Angleterre, l’Irlande et les Lions britanniques. Il était payé par World Rugby, parce qu’en tant qu’équipe du tiers 2, on a droit à des aides, et il y avait deux Irlandais et un Anglais qui étaient venus bosser bénévolement avec lui. Comme on n’est pas habitué à jouer à un tel niveau sur plusieurs matchs, c’était bien de l’avoir. Même si finalement, après les Fidji, le match contre la Géorgie est venu trop vite pour qu’on puisse de nouveau rivaliser.
Venons-en à ce match contre les Fidji. Saviez-vous que l’exploit était possible ?
Sur le papier, c’était un match un peu piège pour eux. Ils avaient joué l’Australie quatre jours avant, ils ne nous attendaient pas du tout, donc ils ont un peu fait tourner et en novembre l’année dernière, ils nous avaient mis 60 points (68–7)… Personnellement, je m’étais fait mal à l’ischio sur le deuxième match de prépa, du coup, j’étais à 100 % pour démarrer la Coupe du monde, mais c’était mon premier match depuis quatre mois ! À l’arrivée, c’est vraiment notre force collective qui a fait la différence. Tout le monde a parfaitement fait ce qu’il fallait, on est resté solidaire en défense et on a su marquer dès qu’on le pouvait. D’ailleurs, en regardant le Fidji-Galles ensuite, on s’est demandé comment on avait fait pour les battre, tellement ça tapait fort et ça allait vite (rires) !
Parlez-nous de cette pénalité à la 75e minute.
Tout le monde rêve de pouvoir voir les efforts d’autant d’années récompensés sur un moment. C’est ce qu’il s’est passé sur cette pénalité. En arrivant en Europe, j’ai commencé en 3e division italienne pour arriver à ce moment où tu es au top du top et où tu te prouves que tu peux le faire. Cette victoire, c’est l’accomplissement du travail de l’ombre que je m’impose depuis vingt ans.
Le rugby uruguayen s’est-il aussi prouvé des choses ?
Il a surtout prouvé au monde ce qu’il était capable de faire. La Coupe du monde, c’est le rendez-vous à ne pas louper pour les petites nations. C’est la seule occasion que nous avons de rencontrer des grosses équipes et ce genre de contexte tellement spécial favorise les exploits ! On a une équipe jeune, aussi, qui pourra travailler sur cette édition pour les prochains matchs et le prochain Mondial. Je pense qu’on a surtout mis l’Uruguay sur la carte du rugby et qu’on a donné un peu plus de poids à notre pays. Ça servira aux jeunes, pour trouver des clubs.Pas en Europe, parce que c’est bouché, mais dans la future province ou aux États-Unis.
Est-ce que votre téléphone a sonné depuis ?
Moi non ! Rien du tout. Mais c’est comme ça. En termes de performance, je ne pense pas faire mieux un jour, alors si ça ne sonne pas là, ça ne sonnera plus, mais ce n’est pas grave !
Il n’empêche que vous terminez n° 10 de l’équipe type des poules d’après nos confrères de L’Équipe !
Oui, j’ai vu ça. Enfin, on m’a prévenu. C’est un petit truc mais ça fait chaud au cœur, c’est une autre récompense de tout le travail accompli. D’avoir son nom au milieu des grands autres noms ça prouve qu’on est vraiment des exemples, que tout est possible !
Content d’être rentré dans les Landes et de retrouver l’USD ?
Oui très content ! Je suis déjà revenu dire bonjour la semaine dernière et puis certains m’ont aidé pour le déménagement. Maintenant, il faut se fixer de nouveaux objectifs. Je rêvais de retrouver un championnat déjà lancé et même si ça n’est pas le même rugby que celui de la Coupe du monde, on se réadapte vite. Jouer ce genre de compétition, ça change le joueur que vous êtes, mais pas le mec, alors j’ai envie que l’expérience que je viens d’emmagasiner profite aussi à mon club.
Vos coéquipiers vous ont-ils dit que vous leur avez un peu manqué ?
(Rires) Oui un peu, pour rigoler !