Billet d'humeur
Le rugbuzz…
Félix Mayol, les mains sur les hanches, écoute les clameurs qui montent du stade.
Le brin de muguet a légèrement fané à sa boutonnière. Il ne reconnait plus son immortel « Viens poupoule » soudainement mu dans un sonore « Pars Kockott »
D’ailleurs, il ne retrouve pas grand-chose de son enceinte fétiche. Les fils de Besagne, fadas et autres mordus ne chantent plus mais sifflent, châtiant ainsi l’impétrant qui a osé refuser l’offre d’achat de l’entreprise Moumou and Bernie. Les ultras sont libéraux, les percées boursières, les regroupements financiers, les tirs au but placés… Le tout légèrement mâtiné d’un vaporeux sarkoblues. Le rugby fait sa trouée capitalistique en déchirant l’enveloppe. Clermont surveille sa tenue de route, Castres s’auto-médicamente, Toulon se construit dans sa bulle pendant que le Métro Racing travaille son placement.
Le terroir est définitivement remisé au fond du tiroir. Le modèle économique fait les cents pas sur le podium à coups d’accessoires cinq étoiles. Le défilé traine en longueur. Il faut accélérer la cadence, désintégrer le système. Alors Mourad invente le rugbuzz. Sorties médiatiques saillantes, mots distillés dans une chronicité calculée. Piqûres et rappels Utilisation maitrisée de tous les appareillages de la communication instantanée Les questions sont souvent bonnes, mais l’emballage agaçant. L’encre élargissant sa tâche sur le buvard du pouvoir. Il faut certes dépoussiérer les conservatismes, faire sortir de la piste les vieux danseurs . Mais avec une certaine forme de délicatesse. Pas facile de passer du twist au tweet.
Jean-Claude Barens