Présentation de la Prod2

Présentation de la Prod2

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L'auberge espagnole

J’ai été chargé de traiter de la Pro D2. Cela me donne l’impression que je vais susciter autant d’intérêt qu’un trésorier présentant un rapport financier lors d’une assemblée générale. En effet, on oublie souvent très vite d’où l’on vient et la majorité de ceux qui fréquentent ce site n’auront qu’un regard distrait sur l’étage inférieur si proche et pourtant désormais si loin de leurs préoccupations.
Cependant, à l’intention des nostalgiques et des passionnés de tout ce qui touche au rugby, je m’acquitterai avec plaisir de la mission que les administrateurs ont eu la faiblesse de me confier.

Cette deuxième division, le terme « Pro D2 » ne me semblant qu’une litote ne parvenant pas à préserver la susceptibilité de ceux qui y tombent, représente un sacré paradoxe, une sorte d’auberge espagnole où se côtoient des pensionnaires très différents. Pour filer la métaphore, certains seraient des pensionnaires des « Prés d’Eugénie » quand d’autres se contentent d’un plateau à la cafeteria. Examinons de plus près les clients, en commençant par ceux pour qui la présentation de l’addition ne suscite guère d’émoi.
 

A tout seigneur, tout honneur, traitons d’abord du club que l’on pourrait surnommer le « Paris Hilton » de la ProD2 tant il fit l’an dernier parler de lui sans faire grand-chose. Même tapage médiatique à l’inter-saison, pour un même résultat ? Espérons que non pour les supporters rouge et noir qui aiment trop leur club pour supporter qu’il soit la risée de tout le monde rugbystique. Alors on a fait dans le lourd, le très lourd ! Tous les trésoriers se réjouissent d’avance de la recette que procurera la venue de l’ (invincible ?) armada. Aurait-on pu imaginer voir en Pro D2 des Gregan, Oliver, Mattfield et autre Merthens ? Non bien sûr avant de se rendre compte que désormais le « défi sportif » se mesure au nombre de zéro sur un chèque et dont Umaga, qui en bénéficia l’an dernier, a indiqué le filon aux autres. Faut-il en rire ou en pleurer ? Les « fadas » oublieront tout dans la victoire, les adversaires malheureux auront des excuses toutes trouvées en cas de défaite. La feuille de match fera trembler tout le monde ; reste que le ballon est ovale, les amalgames jamais garantis, Umaga entraîneur débutant, l’opposition survoltée et le climat toulonnais souvent perturbé.

Qui choisir derrière le Moloch supposé de ce championnat ? Le S.U AGEN, tombé dans le ridicule d’un projet trop ambitieux pour s’écraser malgré un potentiel important. Courir après sa grandeur en partant de la Pro D2, il va falloir pratiquer les marches forcées ! Surtout que, comme pour le R.C.T, la motivation des adversaires sera au maximum. Il reste quand même un effectif de qualité au-dessus de la moyenne et le père Broncan. A propos de ce dernier, on attend avec curiosité comment sa gestion à la fois affective et sévère parviendra à s’accommoder de joueurs moins modestes que ses gersois et notamment du fantasque Caucaunibuca.

Le RCNM qui faisait de la résistance (assez admirable) depuis plusieurs années, a fini par tomber du coté où il penchait, sans faire l’économie d’une crise sportive douloureuse entre un joueur emblématique et ses entraîneurs. L’hémorragie de très bons éléments était inévitable et le recrutement apparaît, au premier abord, assez hétéroclite. Les handicaps des narbonnais résident en partie dans son public versatile, leurs riches voisins et le fait que seuls deux clubs monteront.

Et maintenant, le petit devenu grand par les vertus du prince. Pour le recrutement, une méthode simple : virez tout le monde et achetez, budget illimité ou presque ! Cette méthode de gestion humaine style TF1 a failli (c’eût été très drôle…) envoyer le Racing en Fed 1 mais les dieux veillaient et voici le Métro postulant pour la montée en Top 14. L’histoire parisienne peut-elle bégayer ? Le doute est permis, surtout en mettant un Berbizier, dont on connaît l’heureux caractère, à la tête de cette armée mexicaine.

A l’opposé, les rochelais poursuivent leur parcours d’ambitieux raisonnables auquel on n’est pas persuadé qu’ils croient vraiment eux-mêmes. La sagesse transparaît dans leur recrutement compensant de légers départs. Les valeurs des maritimes ne sont-elles pas déjà surannées ou une certaine forme de morale sportive peut-elle être récompensée ? Il y a fort à craindre que le film n’ait pas forcément une « happy end ».

Une déjà vielle gloire désespère de retrouver ce qu’elle pense être sa légitimité. L’A.S.Biterrose ne fait plus trembler grand-monde. Son recrutement ne fait guère sensation, aveu de capacité financière désormais très ordinaire. Dans un secteur géographique encombré par un nouveau venu sans son histoire mais plus moderne, et adapté à la philosophie du rugby-pro, l’A.S.B végète. Va-t-elle maintenant dépérir ?

Autre « has-been » un peu pathétique : Pau. Encore plutôt à l’aise financièrement, ce qui était la « Section » manque d’âme et tente de compenser ce défaut par un recrutement où l’on sent la patte plus rude que subtile de Duplantier. Les palois, spécialistes du gaspillage des excellents jeunes qu’ils forment, trouveront-ils l’équilibre et les résultats que leur fidèle public espère ? En terme de pronostic, c’est une grosse côte.

En parlant du « tigre de papier », je veux dire le L.O.U, « has been » avant d’avoir été célèbre, nous descendons d’un cran. L’épisode Penaud avait fait sourire tous les initiés l’an dernier et le « turn-over » de cette année sent la réduction de la voilure. Les bons et fidèles arrêtent (Delannoy, Fiorése) les mercenaires, comme on peut s’y attendre, bougent et là aussi, le recrutement est aussi exotique qu’incertain. Rançon d’une mégalomanie qui n’a pas rencontré les moyens de ses ambitions, ce Lyon était bâti sur du sable et des illusions ; or, comme on le vérifie souvent en rugby, l’humilité est une vertu essentielle pour parvenir au sommet.

Si l’on s’en tient, aux précédentes saisons, il conviendrait à présent de parler d’Oyonnax. Ce déplacement ressemble pour la plupart des clubs à un voyage en enfer pour la longueur du déplacement. De cet enfer on en revient mais le plus souvent meurtri au physique et au moral, défaits par un rugby qui ne s’embarrasse guère de nuances, s’en remettant aux basiques de la solidité et de la vaillance. Cette simplicité a suffi jusqu’alors mais l’intersaison a vu certains des joueurs importants migrer vers Bourgoin et Pau, ainsi que le départ de l’emblématique entraîneur Catinot. La spécificité de l’Ain résistera-t-elle une année de plus ?

Renouvellement important d’effectif pour la nébuleuse bordelo-béglaise dont on discerne assez mal le vrai potentiel, ni les ambitions à moyen terme d’ailleurs. Pas de noms très connus, mais une solidité supposée pour ce club dont la particularité la plus remarquable réside aujourd’hui dans des initiales impossibles. On peut penser qu’il bataillera dans la deuxième partie du tableau et dans un certain anonymat.

Moment toujours réjouissant, parlons du T.P.R. Ce club faillit rejoindre l’an dernier son bienfaiteur, à savoir le C.A.L. Par ailleurs, on parla encore d’un déficit important mais la DNACG est tellement habitué aux avatars financiers des hauts-pyrénéens, sorte de « soap-opéra » qu’on connaît par avance la fin heureuse à défaut d’être morale. Fortassin le buteur est parti mais la venue d’Apanui compensera cette perte. Deux autres recrues : Kopetzky et Navès devraient améliorer, et ce n’est pas du luxe, la tenue des lignes arrières. Reste que l’effectif semble un peu juste et que la mêlée tarbaise ne devrait pas faire reculer grand-monde l’an prochain. Et surtout l’impression que ce club finit par décourager, par son manque de sérieux, les investisseurs.

Et Grenoble ? La légion étrangère se renouvelle sans tapage et un joueur connu, le briviste Campo arrive. L’ancien club emblématique des alpes se traîne dans l’anonymat de la deuxième division professionnelle et rien ne laisse penser qu’il en sorte de sitôt. Comme d’autres, il n’est plus qu’un nom qui donne un lustre nostalgique à une affiche et qui fait soupirer les anciens.

Limoges, le miraculé sauvé grâce aux frasques financières des gaillacois, avait vu partir un bon nombre de joueurs titulaires mais a récupéré intelligemment des laissés pour compte de valeur du voisin briviste : Maleyrie, Clark, Bonetti. Il peut donc, avec cette assise, profiter de cette nouvelle chance pour se maintenir.

Blagnac fait partie, à priori, des candidats à la descente, du fait de son statut de promu. Un recrutement de joueurs de Pro D2, honnêtes soldats sans plus, confirme cette impression. Mais on a vu, dans le passé récent, que de modestes formations compensent leurs faiblesses par du courage. N’en faisons donc pas une victime désignée.

Le retour d’Aurillac n’est que justice. Ce club ne descendit, il y a deux ans que par la conjugaison de résultats que l’on qualifiera de…curieux. Après un parcours royal en Fédérale, il revient en perdant son ouvreur Sweeney dont on attend de voir les prestations deux étages au dessus. On pourrait penser qu’il existe un jumelage entre le Cantal et l’Afrique du Sud puisque sept joueurs sud’afs débarquent au S.C.A ! Le recrutement est très cosmopolite dans son ensemble, ce qui n’est pas un gage d’homogénéité. A voir.

 

Je finirai bien sûr cette revue des clubs par le Stade Montois et on me pardonnera de m’y attarder. Mon club, après y avoir longtemps résisté, à fini par céder, contraint et forcé, à l’invasion des joueurs étrangers. Deux piliers d’abord un sud’af venu de Gaillac, Grobler, et le sympathique Da Silva, portugais, ex-toulonnais venu de Nîmes. Rajoutons deux pilars basques : Ormachea et Etcheverry. Ces arrivées pour tenter de nous faire oublier Laussucq et Tuuaghalaa qui firent tant de mal l’an dernier à la mêlée du Métro (et à tant d’autres !) que ce club vint les débaucher à prix d’or.
Deux autres étrangers en seconde ligne : le canadien Tait et un sud’af Rawls, pour résoudre notre désespérant déficit en touche depuis plusieurs saisons ; pour les mêmes raisons fut recruté Giraud, espoir toulousain. On espère que la perte de Caillet sera compensée par un autre sud’africain, l’ancien troisième ligne centre de l’Aviron : Van Schalkwyk, en mettant un cierge pour que son genou blessé tienne. La charnière est conservée, ce qui constitue une bonne nouvelle : Lopez vif et Tandonnet lucide constituant un équilibre à la mêlée et Arrayet nous ayant été très précieux au pied l’an dernier. Derrière, on a gagne de la puissance avec Chedal et en gardant Harder avec, dans le même registre à l’aile Machkaneli, le georgien que les biterrois ont du regretter d’avoir laissé partir. Avec en plus un centre toulonnais, Pagnon et un centre-ouvreur, Colett arrivé de gironde, on tremblera moins à la moindre blessure des trois-quarts.

Reste qu’il faudra manager tout ce monde et que le duo Dal Maso-Prosper doit faire ses preuves dans ce travail. Reste aussi que, si Benoît Dauga pouvait être critiqué sur certains aspects, sa stature, son aura de joueur et son dévouement désintéressé imposaient le respect. En sera-t-il de même avec le nouveau président ? Les débuts de la nouvelle équipe n’ont pas été marqués par un véritable sens de la communication ni par une lecture très claire de la politique générale du club. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement dit-on. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là au Stade Montois.

 

Voilà cette Pro D2 qui s’apparente à une auberge espagnole tant les ambitions et les moyens des clubs qui la composent sont disparates. Espérons que ce qui en faisait sa particularité, à savoir l’incertitude des résultats, ne pâtira pas de cette évolution.

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