Le président montois insiste et présente son projet
Dans Sud-Ouest
Rugby : le président du Stade Montois veut créer un grand club landais
Par Kevin Leroy -
Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
Publié le 17/06/2021 à 20h55
Mis à jour le 17/06/2021 à 21h09
Jean-Robert Cazeaux a proposé un rapprochement aux dirigeants de l’US Dax. Son idée ? Créer une entité supérieure aux deux clubs, qui chapeauterait deux équipes « Rugby Landes » et un centre de formation commun
Comme sur la Côte basque ou à Paris, la création d’un grand club landais de rugby est un serpent de mer qui repointe régulièrement le bout de son nez. L’idée a été relancée, fin mai, à la faveur des élections départementales, alors que Basket Landes vient de décrocher son premier titre de champion de France.
Interrogé sur le sujet par « France Bleu Gascogne », le président du Stade Montois (Pro D2), Jean-Robert Cazeaux, s’était montré partant, indiquant, sans en dire plus, qu’il avait envoyé un dossier à l’US Dax (Nationale). Il le détaille aujourd’hui pour « Sud Ouest ».
1 Quel est le projet de Jean-Robert Cazeaux ?
Président depuis 2011, il assure avoir échangé régulièrement sur le sujet avec ses homologues dacquois, sans que cela ne dépasse le stade de la discussion de fin de repas. C’est en réalité en début d’année 2020 que le Montois a décidé d’aller plus loin, en couchant son idée sur le papier et en rencontrant les dirigeants historiques de l’USD (Gilbert Ponteins, Philippe Jacquemain, Jean-Louis Bérot).
Quelle est-elle ? Pour employer tout de suite les mots qui fâchent, il ne s’agit pas d’une fusion entre l’US Dax et le Stade Montois, « qui ont cent ans d’histoire ». Plutôt d’une union, en créant une structure professionnelle unique, avec un seul actionnariat.
Je ne remets pas en cause les clubs historiques. Il s’agit de créer un cadre plus large, sans perdre son identité
En gros, il y aurait toujours deux SASP (1), qui seraient les filiales d’une même maison mère, « avec un actionnariat commun ». Et toujours deux équipes professionnelles, « estampillées Landes », l’une destinée à jouer au plus haut niveau possible, et pourquoi pas en Top 14, et l’autre plutôt en Nationale, pour servir d’incubateur de jeunes talents.
À l’étage en-dessous de la pyramide, il y aurait un centre de formation commun, qui viendrait nourrir ces deux équipes, selon le niveau des joueurs. Encore dessous, le Stade Montois et l’US Dax existeraient toujours, sur la base des associations qui gèrent l’école de rugby et les différentes équipes jusqu’aux Crabos (moins de 18 ans).
« Je ne remets pas en cause les clubs historiques, répète Jean-Robert Cazeaux. Il s’agit de créer un cadre plus large, sans perdre son identité. Plutôt additionner que s’opposer, partir sur un autre projet, une nouvelle identité. »
2 Quel est l’intérêt ?
Le président stadiste le rappelle : aujourd’hui, l’US Dax n’a pas besoin du Stade Montois pour vivre, et inversement. « On n’est pas encore en état d’alerte, mais si on ne bouge pas, peut-être qu’il n’y aura plus d’équipe landaise au niveau professionnel dans quelques années », prévient-il, alors que son équipe a bataillé pour le maintien cette saison.
« On peut continuer comme ça, mais si on veut être ambitieux, le seul moyen est d’avoir un projet qui a du sens », estime-t-il. Aller de l’avant, donc, pour ne pas reculer en faisant du surplace. Selon lui, l’intérêt serait double. Économique, d’abord, évidemment, alors qu’on dit que 1+1 ne font jamais 2 dans ce genre de situation…
« Les ressources des SASP seraient mutualisées, et développées, sinon ça ne sert à rien ! Aujourd’hui, il y a tout un tissu économique qui ne se sent pas forcément impliqué, parce que quand on va le voir, c’est Dax et Mont-de-Marsan, pas les Landes. Si on partage ensemble un projet, il peut y avoir un levier économique fort, on peut trouver des ressources que nous ne sommes pas en mesure de capter chacun de notre côté. » Au-delà des entreprises, la nouvelle identité serait aussi plus forte au moment de passer au guichet des subventions publiques.
L’autre intérêt se situe dans le centre de formation unique. Doté de plus de moyens, alimenté par tous les clubs landais, il pourrait permettre de retenir dans le département les meilleurs talents locaux. Sachant qu’à l’heure actuelle, les clubs basques au sud et l’UBB au nord ont pris l’habitude de se servir dans le vivier landais. « Beaucoup de jeunes ne partiraient peut-être pas s’il existait cette identité Landes », veut croire Jean-Robert Cazeaux.
Mais pourquoi ne pas se contenter de ce centre de formation commun, idée souvent évoquée ? « Je suis contre, cela ne peut marcher que si nous sommes associés. Dans les affaires, on ne travaille pas avec ses concurrents. »
3 Quels sont les obstacles ?
Le premier est évident : où jouerait l’équipe première de cette entité « Rugby Landes ». « Il est clair qu’on ne va pas construire de stade à Tartas, aucune collectivité n’en a les moyens. Il faut faire avec les infrastructures existantes », souligne Jean-Robert Cazeaux.
Sur ce plan, la préfecture a pris un train d’avance, avec un stade qui répond aux critères du haut niveau (2). « L’outil de travail, aujourd’hui, est à Mont-de-Marsan », note le président montois.
Il est clair qu’on ne va pas construire de stade à Tartas, aucune collectivité n’en a les moyens. Il faut faire avec les infrastructures existantes
Quel serait alors l’intérêt de l’US Dax dans l’histoire ? « Le même que pour Mont-de-Marsan : avoir conscience que c’est le seul moyen de partir sur un projet ambitieux », répond Jean-Robert Cazeaux, qui verrait bien le centre de formation commun dans la cité thermale. « Il ne faut pas voir le verre à moitié vide. La question, c’est de savoir si ce projet peut être un outil de développement du territoire ? » À terme, rien n’interdira en effet de décider d’implanter un stade sur la côte landaise, zone la plus dynamique démographiquement.
Au-delà, l’autre obstacle pourrait être juridique, puisqu’une seule holding chapeauterait deux équipes, qui n’auraient pas le droit de jouer au même niveau. Pas de montée possible, donc pour l’équipe « développement ». Et inversement, en cas de descente de l’équipe première, cette équipe 2 ne pourrait pas rester en Nationale, ce qui remettrait en cause toute l’architecture du projet.
« J’ai posé sur la table un projet cohérent, structuré, mais qui n’est pas abouti, qui demande à être discuté. C’est un point de départ », lâche Jean-Robert Cazeaux.
Pourquoi la perche n’a-t-elle pas encore été saisie côté Dacquois (3) ? Peut-être l’obstacle du lieu des matchs de l’équipe fanion, et sans doute le Covid, qui a contraint les clubs à gérer d’autres urgences. « Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire », veut croire le président montois.
(1) Société anonyme sportive professionnelle. (2) Label stade LNR, capacité suffisante d’accueil des partenaires… (3) L’un des principaux intéressés confirme qu’une rencontre a eu lieu « il y a presque deux ans », à Mont-de-Marsan, et que Jean-Robert Cazeaux avait présenté un projet, « qui n’a depuis pas connu d’avancée sur le fond ».