Sur SO.fr un article sur la future poule nationale.
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Par Denys Kappès-Grangé
Publié le 24/05/2020 à 16h46
Si une nouvelle réunion doit se tenir jeudi avec les responsables de la Ligue, la FFR serait déterminée à lancer dès la saison prochaine une poule Nationale qui restera dans le giron amateur
Le rugby français n’est plus à un paradoxe près. Au moment même où les clubs pros alertent sur le risque mortel que leur ferait courir l’instauration du huis clos en début de saison prochaine, le voilà qui s’apprête à lancer une nouvelle division. Conformément à la demande formulée par Bernard Laporte, qui avait exhorté la LNR à travailler sur la création d’un championnat National suite à son refus de permettre deux montées de la Fédérale 1 à la Pro D2, l’équivalent d’un troisième échelon devrait être créé dès la saison prochaine.
Tout n’est pas encore ficelé. Les modes de financement restent à préciser, tout comme le règlement sportif ou le sort reservé aux espoirs. Mais les équipes qui devraient le composer sont (presque) connues (lire ci-contre) et les grandes lignes du calendrier posées. « On va la faire, cette poule », confirme-t-on de source fédérale : « C’est peut-être un an plus tôt que ce qu’on avait imaginé, mais il faut la lancer dès cette année. »
Ce qui ne signifie pas cependant que le vœu initial du président de la FFR sera respecté à la lettre. Si la Ligue est effectivement associée aux discussions, cette nouvelle compétition sera « amateur » et non pas professionnelle. « Elle restera dans le giron de la FFR », confirme un acteur du dossier : « Il ne s’agira pas d’une Pro D3. » Pour autant, les dirigeants fédéraux entendent bien pousser leurs homologues de la LNR à prendre leurs « responsabilités ».
Ils tiendront une nouvelle réunion jeudi. Et une fois encore, c’est sur l’aspect financier que porteront les débats. Sans surprise, ce thème est source de divergences. La position de la Ligue est simple : confrontée à la crise provoquée par la pandémie de Covid-19, elle assure ne pas être en mesure de financer le projet. « C’est un championnat FFR, nous n’amènerons pas d’argent », appuie un responsable : « Mais on peut tout de même apporter un soutien aux clubs avec de l’expertise sur leurs structures et leurs modes de gouvernance. »
Avec quels moyens ?
Un discours qui ne convainc pas dans les couloirs de la fédération. « Nous avons déjà des services d’expertise comptable et de contrôle de gestion. On prend sur nous d’organiser cette compétition et d’amener les équipes. La LNR, qui a décidé de faire une ligue fermée, doit pouvoir apporter quatre sous ! » Et si elle persiste à s’y refuser ? « Alors il faudra étudier d’autres pistes… » Les sommes nécessaires ne sont de toute façon pas astronomiques selon les comptables fédéraux : avec un million d’euros, ils jugent pouvoir lancer ce championnat.
Les clubs voués à composer cette division estiment néanmoins qu’il faudra faire un effort bien plus conséquent. Et cela bien au-delà de l’inévitable réévaluation des frais de déplacement imposée par la géographie de cette poule. « Sportivement, c’est super intéressant, observe Christophe Lacombe, co-président de Cognac Saint-Jean-d’Angély. Mais quel montant la Fédération est-elle prête à allouer à cette poule pour aider les clubs à s’y installer à l’image de ce que permettent les droits télés au niveau pro ? »Puisque le contrat qui lie la FFR à l’Equipe TV pour la diffusion de matchs de Fédérale 1 court jusqu’en 2021 (150 000 euros par an), c’est vers l’enveloppe de 3,2 M € que Bernard Laporte avait promise pour accompagner la montée d’Albi et de Massy en Pro D2 cette saison que les yeux se tournent. Mais les élus fédéraux éludent ce sujet…
Voir une résurgence de l’ancienne poule élite derrière cette formule n’a rien de saugrenu. Dissoute en 2018, après seulement deux ans d’existence, elle n’avait pas convaincu : seuls cinq clubs sur onze avaient alors présenté des dossiers financiers suffisamment solides pour prétendre à la Pro D2. Mais la fédération s’estime cette fois à l’abri d’une telle déconfiture.
« Bourg-en-Bresse, Massy, Narbonne et Albi sont déjà prêts à monter directement, les autres auront deux ou trois ans pour s’y préparer, certifie un responsable. Les clubs qui vont entrer dans cette poule n’ont pas de problème avec la DNACG. » Puisque le coup d’envoi de cette compétition pourrait être donné le 13 septembre prochain, on sera de toute façon rapidement fixé…
A douze ou plus ?
Si la FFR a bien avancé, un doute subsiste sur l’exacte composition de la poule Nationale. Car si le président de l’US Dax, Benoît August, martèle qu’il n’y a pas de raison pour que son club ne l’intègre pas, on assure de source fédérale qu’il avait refusé le projet en première intention avant de se raviser.
Entre-temps, les responsables fédéraux avaient recensé 12 candidats : Albi, Blagnac, Bourg-en-Bresse, Bourgoin, Chambéry, Cognac/Saint-Jean, Dijon, Massy, Narbonne, Nice, Suresnes, Tarbes. Une liste à laquelle il faut donc rajouter désormais Dax à qui la FFR ne devrait pas fermer la porte. « On est un peu gêné », reconnaît néanmoins un élu.
Cette poule comptera-t-elle donc 13 équipes ? Possible. À moins qu’une 14e soit invitée à y participer. Ou à moins que Chambéry, qui a été sollicité suite au refus de Saint-Jean-de-Luz, ne fasse finalement plus partie des plans…