Rien n’est encore joué, comme
on le répète à l’envi du côté du
club. Mais tout de même. La situation
actuelle de l’USD autorise
quelques projections sur ce que deviendrait
le club, et sa ville, en cas de
descente au niveau amateur.
1 Un nouveau championnat
à appréhender
Si l’USD achève sa saison à la place
qu’elle occupe actuellement, elle rejoindra
la poule Élite de Fédérale 1,
sorte d’antichambre qui regroupe les
prétendants au monde professionnel.
Ceux-ci doivent répondre à des
critères sportifs, évidemment, mais
aussi administratifs et financiers. Aujourd’hui,
seuls cinq clubs sur les 11 de
la division répondent à ces critères :
Provence Rugby (actuel leader), Tarbes,
Albi, Bourg-en-Bresse et Rouen.
Deux seront promus au printemps.
La saison prochaine, une réforme de
la division, dévoilée ce week-end, entend
instaurer un barrage entre le
perdant des phases finales et le 15e de
Pro D2. Il n’y aura donc plus qu’un
seul ticket assuré. Et gare aux clubs ne
répondant pas aux critères : Chambéry
et Strasbourg se sont vus signifier
une relégation administrative en
Fédérale 2 à cause de déficits importants.
Quant au club de Limoges, il est
dans le collimateur de l’Urssaf.
2 Des ressources financières
en net recul
L’USD affiche aujourd’hui un budget
de 4,2 millions d’euros. En cas de descente,
elle perdrait de facto la manne
des droits télés redistribués par la Ligue
nationale de rugby, soit environ
1,5 million d’euros. Avec un budget
théorique de 2,7 millions d’euros, elle
figurerait tout juste dans la moyenne
des équipes actuellement engagées
en poule Élite de Fédérale 1. Mais la
question que pose une probable relégation
concerne le désengagement
éventuel des partenaires et des financeurs
historiques du club.
Certains « cochons de payeurs »
ont depuis longtemps fait part de
leur volonté de réduire leur contribution,
voire tout simplement de se retirer.
Or il manquerait déjà entre 2 et
300 000 euros pour boucler l’exercice
en cours. En cas de désengagement
massif, la chute pourrait être
encore plus dure que prévue pour le
club. L’option du dépôt de bilan, déjà
envisagée lors de la rétrogradation – finalement
évitée – à l’été 2015, sera-telle
à nouveau évoquée dans les semaines
qui viennent ?
3 Un effectif à reconstruire
presque entièrement
Parmi les 34 contrats professionnels
que compte l’USD, 16 arrivent à leur
terme en cette fin de saison : Choinard,
David, Maurice, Tuineau, August,
Chiappesoni, Koliavu, Taofifenua,
Charlie et Simon Ternisien, Lesparre,
Pic, Devade, Ropiha, Alcalde et
Delai. David (arrêt), Klemenczak (Racing),
Taofifenua (Bayonne), Pic (Béziers),
Fa’anunu (Castres), Hannoyer
(fin de prêt) ont d’ores et déjà acté leur
départ. Justes et Bureitakiyaca viennent
de prolonger, ce dernier avec
une clause libératoire en cas de descente.
Le club aura-t-il les moyens d’honorer
les contrats des 14 autres joueurs
(Dréan, Faitotoa, Kuparadze, Blanchard,
Delonca, Liebenberg, Maurens,
Méron, Tuilagi, Bau, Berchesi, Dechavanne,
Cachet, Prat) engagés pour
l’année prochaine et les suivantes,
voire de renouveler des joueurs en fin
de contrat ? Rien n’est moins sûr.
D’autant que certains possèdent également
des clauses libératoires. Pour
prétendre à la montée en Pro D2, les
clubs de la poule Élite de Fédérale 1
doivent posséder au moins 15 joueurs
sous contrat.
4 Une nouvelle tribune
à reconsidérer
Et la nouvelle tribune ? La question
revenait souvent vendredi soir. Celleci
a-t-elle du plomb dans l’aile ? Élisabeth
Bonjean, interrogée à ce sujet au
lendemain du match, préférait botter
en touche plutôt que de relancer
depuis ses 22 mètres : « Le projet est
toujours en cours et, surtout, la saison
n’est pas terminée ! »
Certes, mais en cas de descente, la
question de la pertinence d’un tel
chantier (5 millions d’euros estimés)
reviendrait inévitablement sur le tapis.
Celle des subventions qui l’accompagnent
également, les projets ne faisant
pas défaut actuellement à Dax
(halles, centre aquatique, etc.). Or
pour prétendre accéder à la Pro D2,
les clubs de Fédérale 1 Élite doivent
disposer d’une enceinte sportive de
catégorie B sans dérogation, ce qui
n’est pas le cas de Maurice-Boyau à ce
jour. En cas d’abandon des travaux, le
club ne pourrait donc pas retrouver
le monde professionnel, quels que
soient ses résultats sportifs la saison
prochaine.
5 Un manque à gagner
pour tout le territoire
La présence d’un club professionnel
profite à tout le territoire du Grand
Dax, aussi bien en termes de visibilité
et de réputation – un enjeu d’importance
pour une ville qui vit en grande
partie du tourisme thermal – qu’en
termes de retombées économiques.
L’USD emploie une dizaine de personnes
dans ses services administratifs
et son centre de formation. Elle
fait également appel à de nombreux
fournisseurs (restaurateurs, imprimeurs,
négociants en boissons, costumiers,sociétés de sécurité, etc.). Par
ailleurs, les 15 matchs professionnels
joués, chaque année, à Dax (le plus
souvent le vendredi soir) profitent directement
aux restaurants, hôtels et
surtout aux cafetiers de la ville. Or
dans une poule de 12 clubs en Fédérale
1, il n’y aura plus que 11 matchs à
domicile, et le plus souvent le dimanche
après-midi…
Une éventuelle descente aurait des conséquences économiques (ici, les partenaires du club
réunis sous la tente VIP) et en termes d’image sur l’ensemble du territoire dacquois. PHOTO PH. SALVAT
RUGBY L’hypothèse a pris corps, vendredi, après la défaite à domicile contre Carcassonne.
Il reste, certes, quatre matchs. Mais qu’arriverait-il si l’USD quittait le monde professionnel ?
Et si l’USD descendait ?