16 octobre 2010 06h00 | Par Benjamin Ferret (Sudouest)
Adrillon chez lui à Dax
Élu « Joueur du mois » avec 75 % des votes, le troisième ligne s'impose au sein du pack rouge et blanc. Des couleurs qu'il a toujours connues, lui, le fils de la cité thermale.
Enfant, l'un de ses terrains de jeu s'appelait Maurice-Boyau. Non pas sur le pré, mais sur la butte, derrière l'en-but, sur une terre encore vierge de tout écran géant. Tandis que Philippe, son ancien deuxième ligne - à Soustons et Saint-Paul-lès-Dax - de père, regardait jouer l'US Dax, Bastien Adrillon jouait avec ses potes : Olivier August, Justin Pendanx… Tous membres actuels de l'effectif premier de l'USD.
Mais tandis que ses copains commençaient à tâter de l'ovale, Bastien a attendu ses 17 ans pour débuter le rugby. « J'étais un peu un intrus dans la famille, où tout le monde a joué au rugby. Mais mes parents m'ont toujours laissé libre de mes choix. » À savoir, le football - stoppé pour cause de pubalgie naissante - et l'escrime, sous la coupe de maître Bourgade : « J'étais l'un des seuls de mon âge et pour continuer, j'aurai dû aller m'entraîner à Bordeaux alors que j'allais entrer en fac à Bayonne. »
Des études que le troisième ligne n'a toujours pas achevées. Licence de droit en poche, Bastien doit en terminer avec un Master en droit des entreprises et juriste d'affaire. « Il faudrait que je profite de mes jours de repos pour préparer mes oraux… Mais c'est compliqué ! »
La tête sur les épaules
Comme on le comprend, lui qui est en ce début de saison en train de s'imposer au sein de l'effectif dacquois (5 fois titulaire et 2 fois remplaçant en 7 journées). « Je profite juste de la blessure de Matthieu Lièvremont. À moi de ne pas relâcher mes efforts pour ne pas décevoir ceux qui me font confiance », avoue-t-il humblement.
Rugbyman professionnel, il garde néanmoins la tête sur les épaules. « Je rêve de jouer longtemps, mais une carrière est si vite terminée. Il faut en revanche le reconnaître. Quand tu es pro, tu as une vie rêvée… Malgré quelques contraintes pour un jeune de 24 ans. »
Cet été, alors que sa bande faisait le tour des ferias, lui a décliné la plupart des invitations. « C'est compliqué de dire non ; que tu restes à la maison parce que tu as la préparation à 7 heures du matin. » Des sacrifices qui s'avèrent aujourd'hui payants. « Olivier Roumat nous avait dit qu'il n'y aurait pas de hiérarchie entre nous et qu'il fallait que nous fassions nos preuves sur la préparation et les matches amicaux. » Le meilleur moyen de motiver un groupe, comme le reconnaît le flanker : « C'est quelque chose de très sain. Quand tu crains de ne pas jouer, tu fais tout pour que ça n'arrive pas. »
« Rien n'est jamais acquis »
Et il sait de quoi il parle, lui qui n'avait guère été employé la saison passée. « J'ai sûrement ma part de responsabilité. Il n'y avait pas beaucoup de roulement dans les compositions… Mais je n'ai pas dû faire les efforts nécessaires au bon moment. Cela me sert aujourd'hui : rien n'est jamais acquis. »
Un coup de cafetière salutaire, à la vue de son début de saison où le garçon se retrouve associé à des hommes d'expérience qui ont pour nom Jacques Deen et Mikaera Tewhata. « J'ai un gros respect pour ces mecs qui jouent depuis 10 ans à haut niveau. C'est très motivant : tu ne peux pas les décevoir. Eux nous montrent la voie, et c'est aux jeunes de faire encore plus de boulot afin de les aider. »
Une manière de progresser, aussi, et d'effacer quelques erreurs de jeunesse pour celui qui compte moins de huit ans de rugby. « Même si j'adore défendre, je prends de plus en plus de plaisir à jouer au ballon. Matthieu Lièvremont, qui a lui aussi connu des débuts difficiles à Toulouse, m'a donné beaucoup de conseils. Si j'ai progressé au niveau de mon placement et de mes courses, il faut encore que je m'améliore pour ne pas être essoufflé à la 60e minute. »
Un souffle jeune sur l'US Dax, que Bastien Adrillon rêve évidemment de voir revenir au plus haut niveau rugbystique. « Une aventure en Top 14 vaut le coup d'être vécue. Nous sommes encore trop petits pour y goûter mais qui sait ? Avec le projet de stade, je veux y croire. » Histoire de faire rêver à son tour les jeunes Dacquois, comme ses aînés avaient pu le faire au moment où il quitta la butte pour rejoindre ses amis des Crabos 2 d'Alain Benoît. Ceux de Dax, évidemment. Chez lui…