Messieurs les présidents,
Je me permets de m’adresser à vous dans
une démarche personnelle pour évoquer deux
sujets. Le premier s’adresse plus particulièrement
au président de la Fédération. Il concerne
une règle qui, me semble-t-il, n’existe
qu’au football américain ? Il s’agit des plaquages
sur les joueurs sans ballon autour des
regroupements et des adjectifs aussi barbares
qu’appropriés qui s’y rattachent :
balayage, nettoyage, déblayage. Loin de moi
l’idée aussi prétentieuse qu’utopique de vous
demander de faire modifier une règle dans le
rugby professionnel, les arbitres s’en étant
accommodés ainsi que les joueurs préparés
physiquement à se faire catapulter. Ce qu’il
faudrait, c’est l’interdire dans les plus petites
catégories d’âge où les corps sont fragiles et
pas à même de supporter des impacts aussi
brutaux qu’inattendus.
Je sais, pour assister à des matchs et entraînements,
que nos éducateurs sont très vigilants
sur ce point et admirables dans l’attention
qu’ils portent à nos petits, en favorisant
un jeu-rugby adapté. Cependant, une directive
fédérale faciliterait, me semble-t-il, leur
tâche et sécuriserait les parents. En effet, je
ne vous apprendrais rien : il y aura toujours
un grand et un petit, un gros et un maigre,
tous voulant s’identifier à leur modèle qu’ils
voient à la télévision ou bien dans leur club.
Le second sujet s’adresse plus directement
au président de la Ligue. Notre club de Dax a
reçu la visite, le 22 mars dernier, de deux de
vos représentants venus, entre autres, pour
nous présenter deux cartes de notre rugby
hexagonal. La première, c’est l’actuelle,
amputée déjà malheureusement de bastions
qui ont fait notre histoire.
La seconde, serait la future, où figurent en
priorité les grandes agglomérations, le plus
souvent au Nord où il est vrai qu’elles sont
plus nombreuses. Au Sud, c’est peau de chagrin
! Les commentaires qui nous ont été
faits sont sidérants. « Oui, vous avez été
rayés de la carte. Ce n’est plus votre place.
On ne va pas passer toute une vie avec la
ventrèche et la bière ! » Disparaissent aussi
nos voisins Montois et Palois. Surprenant !
Ne parlons pas de tous les autres déjà condamnés
dans la charrette des « peu de
sous ». Il est évident qu’une telle plaidoirie, si
elle était suivie d’effet, serait sans appel et
ce, malgré la ténacité d’irréductibles dans
quelques villages gaulois.
Il y a pourtant du sens à vouloir faire émerger
de nouveaux clubs. Cependant, pourquoi avec
cette préférence, semble-t-il, planifiée ?
L’aide financière substantielle qui leur serait
accordée et qui représente 10 à 20 % de la
majorité des budgets de Pro D2 serait injuste
par rapport aux autres clubs. Comment
accepter également qu’un club, parce qu’il a
un avenir plus économique qu’un autre,
puisse être invité à sa place (par Wild Card,
si j’ai bien compris) ? Qu’en penseront supporters
et partenaires ainsi que les salariés
dont il faut se soucier surtout qu’ils ne sont
pas dans des entreprises délocalisables ?
Pour les dirigeants du club de Dax, objet de
la visite, déjà lassés de ne parler que
d’argent et n’ayant jamais fermé aucune
porte pour en trouver, ils sont désappointés.
Il y a quelques années, j’avais fait une proposition
qui me paraissait répondre à plusieurs
critères déjà recherchés et qui restent
d’actualité. Elle autorisait l’émergence de
nouveaux clubs en laissant toutes leurs chances
à des clubs historiques de se maintenir à
un certain niveau. Elle favorisait, surtout,
l’émergence la plus souhaitable, celle des
joueurs français. Elle tenait compte également
de gains de dates si indispensables à la
santé des joueurs et à notre équipe de
France.
N’ayant eu aucune espèce de réponse, je
dois en conclure que ce n’était pas une
bonne idée ! C’est donc sans grand espoir
que je réitère cette proposition, mais sur le
principe seulement, car il y a des personnes
bien plus compétentes que moi pour la critiquer,
l’améliorer ou la laisser de côté.
La formule consisterait à la mise en place
d’une élite professionnelle de 36 clubs avec 3
poules de 12 : La première poule de 12, serait
celle de la Super Élite, dans laquelle les limitations
à la fois de salaires et de nombre
d’étrangers ne se justifient pas. Seul le dernier
descendrait en Pro D2. Les 2 autres poules
feraient le championnat de Pro D2. Une
fois les rencontres de la première phase terminées
dans chaque poule, un brassage
déterminerait le champion de France qui
monterait en Super Élite, le dernier descendant
en Fédérale. Le nombre d’étrangers
serait limité à 5 pour favoriser l’éclosion des
joueurs français. Des passerelles, sous forme
de prêts avec les clubs de la Super Élite, permettraient,
avec des modalités simplifiées,
aux joueurs français de profiter des temps de
jeux nécessaires à leur progression. La formation
deviendrait la priorité de cette division
avec des moyens alloués à la mesure de
l’enjeu. Je ne prétends pas détenir la formule
magique qui ferait l’unanimité. Ce qui vous
incombe aujourd’hui, c’est d’en trouver une,
favorisant l’évolution du rugby, sans pour
autant le couper de ses racines.
Messieurs les présidents, je vous remercie
de l’attention que vous porterez à ce courrier.
Il ne se veut d’aucune façon polémique, respectant
à la fois vos fonctions et vos personnes.
C’est un simple signal clignotant dans
une époque où les repères deviennent malheureusement
évanescents. Avec toutes mes
Amitiés sportives,
Jean Louis Bérot, Ancien joueur, entraîneur,
président, aujourd’hui actionnaire
et partenaire de l’US Dax