US Dax : Emmanuel Maignien, toujours en première ligne
Devenu référent des joueurs de première ligne à l’USD, l’ancien talonneur veut remettre au goût du jour la culture du jeu d’avants à la dacquoise .
Il avait fait ses cartons, allait prendre l’avion avec en poche un précontrat de deux ans, visiter une maisons, signer un bail, inscrire ses enfants à l’école. Et puis patatras ! À la visite médicale, voilà que les médecins du club de Lyon lui décèlent un début de myélopathie, conséquence de tous les coups reçus pendant sa longue carrière. À 35 ans, dont quatre passés à Dax, et alors qu’il s’apprêtait à vivre deux dernières saisons comme professionnel au Lou, Emmanuel Maignien est contraint de mettre un terme à sa carrière. C’était au printemps 2015. « J’ai perdu ma licence, je n’ai même plus le droit de jouer en amateur. Le plus dur, c’est de ne pas avoir eu de dernier match. Et puis je n’avais absolument rien prévu pour ma reconversion. »
Formation accélérée
Heureusement, Jérôme Daret n’est jamais à court d’idées. Il sent chez son talonneur l’envie de transmettre, le pousse à passer son Brevet fédéral d’éducateur et à prendre en main une équipe de jeunes. « J’ai commencé par les minimes », sourit Manu, qui se prend très vite au jeu : « J’ai toujours aimé transmettre le savoir et le vécu accumulé pendant mes quinze ans de carrière professionnelle. » L’année suivante, il se lance à la conquête du Dejeps (Diplôme d’État de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport), s’occupe des moins de 18 ans et commence à intervenir auprès des pros. Fin mai, il obtient son diplôme qui lui permet d’intervenir sur tous les terrains et se fait embaucher par la SASP comme spécialiste des joueurs de première ligne, pour l’ensemble du club. « J’interviens dans toutes les catégories, y compris les féminines, et je suis entraîneur référent pour les moins de 18 ans, un âge stratégique où les meilleurs peuvent ensuite intégrer le centre de formation ou le groupe pro. » Mais le gros de son travail, il l’effectue auprès de l’équipe première, aux côtés de l’entraîneur des avants Patrick Furet. « Je suis en quelque sorte son assistant, détaille-t-il. On essaie de se partager le travail et j’interviens sur de l’analyse stratégique en mêlée, sur les touches défensives, le profil des adversaires. Je propose également des ateliers pour travailler les aptitudes de chaque poste : les lancers des talonneurs, les postures des piliers, la manipulation du ballon, la circulation offensive et défensive, le jeu de passe et aussi la lecture du jeu. On cherche à avoir des joueurs qui s’adaptent très rapidement à la situation et à l’adversaire. Ils peuvent se louper une fois, mais pas deux… »
Une approche qui semble porter ses fruits, si l’on en juge par le rendement de la mêlée dacquoise depuis le début de saison. « Pour l’instant ça marche, on est contents mais on en veut toujours plus. Dans les attitudes, le timing, la cohésion collective, il y a toujours des petits détails à travailler, c’est une remise en question permanente. J’aimerais que Dax remette au goût du jour sa culture du jeu d’avants. »
En apprentissage »
Pour enrichir et diversifier ses méthodes d’entraînement, Emmanuel Maignien va « fouiner » dans tous les sports : football américain, basket, football, rugby à treize. « Je regarde ce qui se fait, j’échange avec des préparateurs physiques, des joueurs étrangers. Après, je teste sur les jeunes et ça marche, je le propose aux pros. J’essaie d’amener de nouvelles choses pour ne pas lasser les joueurs. »
Curieux, investi, enthousiaste, Manu Maignien a tout pour réussir dans sa nouvelle carrière. « Maintenant que j’ai mis un pied dedans, je veux en faire mon métier, dit-il. Mais c’est un rôle très difficile, beaucoup plus exposé que celui de joueur. Je suis encore en apprentissage, à la fois auprès des jeunes et des pros et ça me va très bien. Jérôme Daret m’avait dit que les meilleurs entraîneurs sont ceux qui commencent par les jeunes. J’ai vu pas mal de joueurs de ma génération prendre des groupes pros et se planter…
En prenant le temps d’apprendre, Emmanuel Maignien viendra peut-être un jour s’ajouter à la longue liste des anciens talonneurs, devenus des coachs de premier plan. Et si c’est à Dax, ce sera encore mieux.
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